La nuit remue… nuages nocturnes

Parfois les essais et expérimentations se font à un moment pour ressurgir à un autre…
Pour mon deuxième atelier artistique « Le plein d’été » à Gentilly, en juillet dernier, j’ai cherché à créer un décor de fête, léger, mobile et brillant. Dans mes recherches, je me suis inévitablement rapprochée de deux thèmes qui me sont chers, et que je rassemble à présent pour un projet en cours : les nuages… et la nuit.
Des nuages nocturnes qui renfermeraient des constellations, visibles uniquement dans l’obscurité, la nuit qui remue doucement, et qui ne retient de la poésie que le merveilleux.

Atelier artistique à Gentilly – « Le plein d’été » (2)

Cet été, j’ai eu l’occasion d’animer des ateliers Arts Plastiques dans les quartiers de Gentilly, où je réside ; l’idée étant de faire découvrir les pratiques de l’artiste, j’ai choisi, pour le deuxième atelier, de créer avec les habitants un décor de fête, à partir de structure.s / sculpture.s mobile.s inspirée.s du mobile réalisé pour l’exposition Déplacement(s).
Pour reprendre un matériau simple mais diffusant la lumière, j’ai choisi d’utiliser de la couverture de survie, déclinée en guirlandes, en ailes/plumes constituant les éléments des mobiles, mais aussi pour garnir des boules de verre colorées, comme il y en eut dans les « fêtes galantes » imaginées pour les jardins de Versailles.
Ce dispositif venait se placer sous la couverture de végétaux grimpants abritant une allée, il est resté au delà du temps de l’atelier, tout au long de l’été.

Atelier artistique à Gentilly – « Le plein d’été » (1)

Cet été, j’ai eu l’occasion d’animer des ateliers Arts Plastiques dans les quartiers de Gentilly, où je réside ; l’idée étant de faire découvrir les pratiques de l’artiste, j’ai choisi de faire réaliser aux participants des « petits mondes », la cartographie de leur.s imaginaire.s…
Et j’ai eu le plaisir de voir participer petits et grands, de les voir manipuler autrement les matières que j’utilise (et dont je pensais avoir fait le tour)… Bien-sûr, les résultats sont brillants, colorés et séduisants ; mais au delà de cette facilité, je vois l’expression d’un merveilleux qui nous est commun, et de belles correspondances…

L’Odyssée à Clermont-Ferrand

Dans le cadre du Festival Littérature au Centre de Clermont-Ferrand, Sophie Rabau, identifiée comme « the right woman at the right place » pour parler de l’Odyssée – le thème de l’édition 2022 du festival étant le voyage – m’a conviée à l’accompagner pour tenter de réaliser en direct une expérience de géographie arbitraire… Inspirée par Victor Bérard, elle a développé ce concept dans son livre B comme Homère (http://www.editions-anacharsis.com/B-comme-Homere), et proposait pour le festival de plaquer l’itinéraire d’Ulysse sur la ville de Clermont-Ferrand.
J’ai pu recréer cet itinéraire dans Google Maps, et à partir de là, nous laissons libre court à notre imagination, à celle des habitants et des visiteurs, pour enrichir ce trajet et redécouvrir la ville…

N’hésitez pas à participer !! Et pourquoi pas, proposer d’autres villes à réinventer ?!
https://www.facebook.com/odysseeaclermont

https://www.google.com/maps/d/u/0/edit?mid=1gbb-oL16Lts2Jhw9SNq3-VVLCBCJ1QFe&usp=sharing

Le site du festival : https://litteratureaucentre.net/
Le programme du festival : https://fr.calameo.com/read/0036829503e7803475d1c

Avec Sophie Rabau au Festival Littérature au Centre 2022

Présentation par Sandrine Dubel : http://armelletrouche.com/blog/wp-content/uploads/2022/04/1-Ul-a-Clermont-pstation.pdf

Le trajet d’Ulysse selon Victor Bérard
Ulysse en Méditerranée

Exemples précurseurs de « géorgraphie arbitraire » : Ulysse dans la Baltique

Ulysse en Atlantique
Ulysse en Islande
Ulysse en Seine Saint Denis

L’Odyssée sur la carte du Tendre…

… Et un voyage encore plus abstrait

À Clermont-Ferrand, le trajet a été arbitrairement posé sur la carte, et les points de rencontres se créent… Le Cyclope aux usines Michelin, les Sirènes au cimetière des Carmes, les Phéaciens derrière la gare, les Lotophages au Stade Nautique Pierre de Coubertin…
Les photos qui illustrent les différents points, recréées pour certaines à partir du voyage de Victor Bérard et Fred Boissonnas, mélangent les époques, la réalité, la fiction, et l’imagination.

Exposition Déplacement(s)

Exposition en duo avec l’artiste Anne Damesin, commissariat de Frédéric Héritier.
« Les notions de déplacement, de mobilité et de vitesse sont au cœur de la modernité. 
L’art fait acte de résistance où les deux artistes plasticiennes cheminent en toute liberté. Elles pratiquent le décentrement, la surimpression, la révélation à travers le dessin, la photographie, la peinture et le volume. 
Le déplacement, à l’opposé de toute sidération, nous amène alors vers l’autre – les autres. 
Et nous enjoint de ne pas nous établir, mais plutôt suivre le mouvement imprévisible de la nature, de nos émotions et nos histoires, portés par nos désirs. »

Texte pour l’exposition : http://armelletrouche.com/blog/wp-content/uploads/2022/03/AT_texte_Deplacements.pdf

œuvres présentées : 
Ô mon amie hâte-toi – 3 grands formats (213 x 140 cm) photo, encre, peinture, tirage affiche dos bleu
Un éventement d’ailes – mobile : bois, calque, coton – 230 x 90 cm
J’aime le mouvement qui déplace les lignes – 2 autoportraits photo – 18 x 13 cm
Danseurs – 2 affiches, photo, dessin – 120 x 90 cm
Les merveilleux nuages / Pareïdolies – encres, acrylique, cuivre, bronze/or – de 18 x 13 cm à 32 x 24 cm
Déplacement – série photo – 18 x 13 cm

Il suffit d’un grand morceau de ciel  (détail) d’Anne Damesin
Anémochorie d’Anne Damesin
Avec Frédéric Héritier et Anne Damesin

Constellation Kérylos

Il y aura eu d’abord pour nous comme une fraîcheur d’eau au creux de la main. Après quoi on est libre de commenter à l’infini, si l’on veut.

Philippe Jaccottet, novembre 1981 (Avertissement / Traduction de L’Odyssée, Homère)

Le « voyage » entamé autour de l’exposition Nostalgies, en juin dernier, se ponctue de rencontres, de découvertes, de coïncidences…
Un lien tissé avec l’auteure (et amie) Sophie Rabau m’a conduit à illustrer son très beau projet de concert, dans le cadre de sa résidence à la Villa Kérylos (Beaulieu-sur-mer) :

« C’est un concert comme une fête, donnée à la villa Kérylos, chez Théodore Reinach, une fête où l’on peut tout imaginer, où l’on peut convier qui l’on veut pour dessiner une constellation où se mêlent l’histoire et l’imagination, le passé et le présent. Tous ceux à qui nous pensons quand nous sommes dans la villa de Théodore Reinach, nous allons les faire venir, les présenter, leur donner une voix et un corps, les faire se rencontrer. Il y aura des héros grecs, des Hébreux et des Romains, mais aussi une courtisane parisienne venue par le chemin de fer depuis le 19ème siècle, une chanteuse grecque antique, une chanteuse grecque moderne et quelques autres invités. On parlera à tous les temps et même parfois au futur. Et chacun pendant la fête pourra continuer à rêver à tous ceux et à toutes celles qui pourraient bien un jour venir à Kérylos, rendre visite à Théodore Reinach pour une fête, un bal, un carnaval. Invitez qui vous voulez… »

Il y a du bleu, la Méditerranée, le péristyle de la Villa Kérylos, le voyage d’Ulysse…
Comme souvent, lorsque j’entame un travail pour un visuel, je pars dans différentes directions, présente plusieurs pistes, et ce n’est pas forcément celle que je préfère qui est retenue… Mais comme souvent aussi, la piste retenue ici était la bonne.

Quand le plan et les vues du péristyle de la Villa Kérylos, le trajet d’Ulysse autour de la Méditerranée, la constellation des noms du programme musical, les étoiles des décors peints de la villa se télescopent sur fond d’encre bleue, plusieurs voies sont possibles ; parmi les pistes, deux ou trois interpellent particulièrement, puis il faut faire un choix. Ensuite, le visuel entame son existence propre, le concert a lieu, et j’oublie les étapes précédentes…

Le trajet d’Ulysse imaginé par Victor Bérard
Le trajet d’Ulysse devient la Constellation Kérylos, ponctué par les noms du programme du concert ; sur fond de Méditerranée, avec ses différentes profondeurs. Les étoiles reprennent les étoiles peintes aux plafonds de la villa.

Les éléments qui représentent la villa (plans, photos, détails…) vont servir de fond pour contextualiser le projet de la Constellation Kérylos.


J’élabore des propositions à partir des éléments recueillis, de mes pistes de réflexion, de mes productions « plastiques » et de mon inspiration…

J’aboutis la piste retenue, je la décline pour différents usages.
J’ai la chance, ensuite, de me rendre sur place, à la villa Kérylos, pour assister au concert (dans sa première partie, la seconde partie ayant dû être annulée pour cause d’intempéries…)

De moment en moment

Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l’horizon de ses pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu’ici car là où nous étions ce n’était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus, il a fallu partir… Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduit à un pays qui n’avait que son souffle pour escalader l’avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté.

René Char, La Postérité du soleil
Photo Henriette Grindat, La Postérité du soleil

Ce texte m’a été transmis par Ulysse Guyot, visiteur inattendu (et inespéré) de notre exposition « Nostalgies », suite à une discussion entamée lors de son passage (et que se poursuit aujourd’hui, y compris sous forme épistolaire…)

Ulysse m’a envoyé ce texte en même temps que celui de Sophie Rabau, Ulile (texte qu’elle avait rédigé pour le catalogue de l’exposition Le temps de l’île au Mucem) ; Ulile me relie à l’Odyssée, son univers infini, et divers projets avec Sophie (dont celui de la Constellation Kérylos).

Le très beau texte de René Char, De moment en moment, est l’ouverture d’un livre projeté avec Albert Camus, La Postérité du soleil, et illustré de photographies d’Henriette Grindat. Projet de « livre sur le Vaucluse », hymne à la grande amitié entre les deux hommes et leur amour de la terre du Luberon, où ils vivaient l’un et l’autre.

Peut-être une piste pour une exposition à venir ?…