Pourquoi ce chemin plutôt que cet autre ? Où mène-t-il pour nous solliciter si fort ? Quels arbres et quels amis sont vivants derrière l’horizon de ses pierres, dans le lointain miracle de la chaleur ? Nous sommes venus jusqu’ici car là où nous étions ce n’était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents. Une fois de plus, il a fallu partir… Et ce chemin, qui ressemblait à un long squelette, nous a conduit à un pays qui n’avait que son souffle pour escalader l’avenir. Comment montrer, sans les trahir, les choses simples dessinées entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté.
René Char, La Postérité du soleil
Ce texte m’a été transmis par Ulysse Guyot, visiteur inattendu (et inespéré) de notre exposition « Nostalgies », suite à une discussion entamée lors de son passage (et que se poursuit aujourd’hui, y compris sous forme épistolaire…)
Ulysse m’a envoyé ce texte en même temps que celui de Sophie Rabau, Ulile (texte qu’elle avait rédigé pour le catalogue de l’exposition Le temps de l’île au Mucem) ; Ulile me relie à l’Odyssée, son univers infini, et divers projets avec Sophie (dont celui de la Constellation Kérylos).
Le très beau texte de René Char, De moment en moment, est l’ouverture d’un livre projeté avec Albert Camus, La Postérité du soleil, et illustré de photographies d’Henriette Grindat. Projet de « livre sur le Vaucluse », hymne à la grande amitié entre les deux hommes et leur amour de la terre du Luberon, où ils vivaient l’un et l’autre.
Peut-être une piste pour une exposition à venir ?…